Nouvelle édition de “Des papillons dans le ventre”

Une nouvelle édition de mon roman vient de paraitre! Quelle joie!

Merci à tous les lecteurs de la première édition. Et pour ceux qui le souhaitent, voici l’adresse de mon éditeur pour l’acheter.

Vous pouvez aussi le trouver sur la plupart des plateformes et beaucoup de librairies.

Merci infiniment à tous mes lecteurs. Vous me donnez l’énergie de continuer. Les idées sont là. Les histoires vont naitre. Grâce à vous aussi.

Sincèrement

Yann Vénète

Il danse

Peu de lumière pour voir
Mais en faut-il dans ce noir ?
Il n’a pas envie d’être vu,
Pas envie de se voir entouré,
Que ce soit d’amis ou inconnus.
Il a les yeux fermés pour oublier.

Les battements sont en rythme
Mais rien à faire vibrer en ce jour
Où la vie bat à plein alentour
Et l’entoure comme une intime,
Maladroite souvent, mal habile
Dans ses étreintes, un peu fébriles.

Et maintenant il danse
Doucement
Sur une lumière dense
Maintenant.
Le stroboscope cadence
A pas forcé
Son cœur à la fréquence
Du son versé.
Il sourit d’un rictus bizarre,
Se balance
Tout là-haut dans le noir.
Et il danse.

Il n’a plus froid, n’a plus mal
Malgré l’étrange vague à l’âme
Submergeant comme une lame
Du moment. Tout est égal
Depuis qu’il danse lentement,
La chaise tombée maintenant.

Mon enjoliveur

Je n’aime pas particulièrement
Les routes tortueuses, les chemins de traverse.
Je n’ai pas cherché l’égarement
Mais juste une direction simple, éviter les averses.

Aujourd’hui, la route se dégage
Et j’ai le pied sur le champignon sans halluciner,
Cette fois, je n’ai plus la rage
Mais juste le sentiment qu’être heureux m’est inné.

Ces foutus derniers kilomètres
Me paraissent être des miles marins en tempête.
Ces foutus nids de poule traitres
Me gênent. J’ai l’impression d’en être à perpette.

Je n’ai qu’un enjoliveur,
Pas besoin de plus pour avancer,
Je me sens d’humeur driver,
Prêt à tout recommencer,
Sur cette belle autoroute
Qui s’annonce, dernier kilomètre.
J’ai le volant et, sans doute,
Je fonce tel mon propre maitre.

Les panneaux de signalisation
Me donnent la force d’avancer sans me presser.
Les panneaux sans déviation
Me font dévier de la trajectoire de mon passé.

Je n’ai pas envie du péage,
Mais juste de payer le prix de ma liberté,
Je n’ai pas vu le paysage
La route est belle et le bonheur à ma portée.

Encore quelques kilomètres,
Et je vais pouvoir prendre la sortie dix-sept
Encore respirer l’air à la vitre,
Avant que la vie me montre toutes ses facettes.

Joyau de Russie

Tes yeux,
Je ne peux m’empêcher de les admirer,
Mieux,
C’est le centre de mon monde.

Ton sourire,
J’ai tant envie de le dévorer tout entier,
Pire,
Rayonne à des lieues à la ronde.

Ta peau,
Sous mes caresses, c’est doux et chaud,
En un mot,
Résister est un effort inutile.

Ton visage,
Illumine mon esprit et trouve les mots,
Peu sages,
Illustrant mon désir servile.

J’ai trouvé un joyau de Russie,
La pierre angulaire
Qui manquait à ma petite vie.
J’ai trouvé, et j’en suis fier,
L’amour qui manquait à mes nuits,
La sérénité de mon âme.
Tu fais fuir tous mes ennuis,
Les assassinent comme une lame.

Mon amour
N’a d’égal que la plénitude de mes pensées,
Toujours
Torturées avant que tu ne viennes.

Mon esprit
N’attend que tes caresses et tes baisers !
Il est ravi
Et veut que nos corps s’éprennent.

Je retournerai sur la Lune

Il y a des paradis lointains
Qui ne sont que chagrins
Faits de cendres
Comme d’ombres.
Mais ils protègent pourtant,
Ils sont réconfortants.
Je les connais.
J’y suis même né.

Loin des foules hallucinantes,
Loin d’être aimante,
Je me protégeais,
La Lune me lovait.
Mais il arrive un atterrissage,
Il arrive l’amour en mirage
Avec ces cadeaux,
Et enfin les maux…

Je suis arrivé sur Terre
Et depuis je me perds.
Je retournerai sur la Lune
Pour éviter la gravité
Du monde où je perds pieds.
Je retournerai sans rancune
Dans l’ombre de ma coquille
Qui, d’habitude, m’habille.

J’ai la peau exposée au soleil
Qui me brûle sans pareil
Comme un toast,
Les larmes accostent.
J’ai le cœur fait de lambeaux,
Lacéré par un beau couteau,
Le sang rouge vif
Fuit tout ce suif.

À petits feux

Le goût de ce venin est amer,
Les gerçures soufflant la braise
Adoucissent l’ire des chaires,
Le mal se meut avec toute l’aise
De ce moment qui me brûle.

Ma peau s’endurcit un moment
Puis la mue opère, les globules
Amène le feu qui tue lentement
Ma raison, mon cœur, mon âme.
Mon destin est une suite infâme.

Le destin poursuit sa route
Et m’écrase comme une fourmi
Et quoique tout cela m’en coûte,
Je souris comme face à l’oubli
De mes peines qui me font face.

Je souris sans joie, je poursuis
Ma route, ma pauvre carcasse
Avance et oublie que si je suis
Un homme, c’est par malheur
Que j’attends ma dernière heure !

L’horizon

Est-elle arrivée au bout de l’horizon ? Nage-t-elle toujours, mon petit-frère sur le dos pour l’atteindre ? Pourquoi ne m-a-t-elle pas attendu ? Sans doute parce que je ne sais pas nager.
Elle reviendra plus tard, lorsqu’elle aura trouvé le paradis que papa et elle nous promettait. Je jalouse mon petit-frère. Il l’atteindra avant moi.
Je suis coincé ici. Sur cette île où papa et moi attendons de savoir ce que la police fera de nous. Je regarde l’horizon pour guetter le retour de ma maman. Combien de temps mettra-t-elle pour revenir ? Elle me manque.
Lorsque l’horizon se dessinait sur le sable, cela paraissait déjà long. Nous avons passé beaucoup de jours et de nuits à traverser des pays et des déserts. Maman ne me manquait pas. Elle me racontait l’endroit où nous allions vivre. Elle me décrivait la grande tour où son tonton vivait. Elle était plus grande que toutes les habitations que j’ai vu dans ma vie. Elle touchait le ciel certains jours. Son tonton disait qu’on pouvait croire que les nuages rentraient dans les maisons. Il pouvait manger à sa faim.
Cela semblait féérique. Maman m’a toujours paru être magicienne. Elle est capable de faire à manger de peu de choses. Elle transformait les maigres réserves en festin. Lorsqu’elle nous chantait les histoires du pays, on l’imaginait convoquer les esprits.
J’envie mon petit frère qui peut encore les entendre. Elle ne chantait plus depuis que nous avions quitté le village. C’est comme si les esprits étaient restés là-bas. Ce qui était bien, c’est qu’elle nous embrassait et nous serrait dans ses bras plus souvent encore. Surtout quand les autres adultes criaient. Elle savait réduire les hurlements. Elle est magique maman.
J’ai eu très peur lorsque nous avons grimpé sur le bateau. Je voyais bien que papa et maman aussi. Elle ne voulait pas. Il disait que nous n’avions plus le choix. Alors elle m’a réconforté et mis à côté d’elle dans ce canot très rempli. Je la serrais du plus fort que je pouvais. Elle n’a rien dit lorsque je me suis pissé dessus. Ses grands yeux tristes m’ont regardé et elle m’a embrassé.
Quand il a chaviré, beaucoup de monde est tombé. Papa a tenté de nous rattraper. Dans les remous de la mer, j’ai tout fait pour ne pas le lâcher. Je me suis cramponné. Je n’ai rouvert les yeux que lorsque nous avons été amenés dans le grand bateau. Papa hurlait et pleurait. Je ne comprenais pas.
J’attends toujours, le regard sur l’horizon. Elle a sans doute atteint l’autre rive. Peut-être qu’ils ont retrouvé son tonton. J’aimerais tant la revoir. La serrer fort dans mes bras. J’essaye de plus faire pipi sur moi pour qu’elle soit fière de moi. Papa pleure toujours.
Reviens maman. J’aimerais entendre encore les chansons d’autrefois. J’aimerais que papa arrête de pleurer. Reviens vite.