Peu de lumière pour voir Mais en faut-il dans ce noir ? Il n’a pas envie d’être vu, Pas envie de se voir entouré, Que ce soit d’amis ou inconnus. Il a les yeux fermés pour oublier.
Les battements sont en rythme Mais rien à faire vibrer en ce jour Où la vie bat à plein alentour Et l’entoure comme une intime, Maladroite souvent, mal habile Dans ses étreintes, un peu fébriles.
Et maintenant il danse Doucement Sur une lumière dense Maintenant. Le stroboscope cadence A pas forcé Son cœur à la fréquence Du son versé. Il sourit d’un rictus bizarre, Se balance Tout là-haut dans le noir. Et il danse.
Il n’a plus froid, n’a plus mal Malgré l’étrange vague à l’âme Submergeant comme une lame Du moment. Tout est égal Depuis qu’il danse lentement, La chaise tombée maintenant.
Je n’aime pas particulièrement Les routes tortueuses, les chemins de traverse. Je n’ai pas cherché l’égarement Mais juste une direction simple, éviter les averses.
Aujourd’hui, la route se dégage Et j’ai le pied sur le champignon sans halluciner, Cette fois, je n’ai plus la rage Mais juste le sentiment qu’être heureux m’est inné.
Ces foutus derniers kilomètres Me paraissent être des miles marins en tempête. Ces foutus nids de poule traitres Me gênent. J’ai l’impression d’en être à perpette.
Je n’ai qu’un enjoliveur, Pas besoin de plus pour avancer, Je me sens d’humeur driver, Prêt à tout recommencer, Sur cette belle autoroute Qui s’annonce, dernier kilomètre. J’ai le volant et, sans doute, Je fonce tel mon propre maitre.
Les panneaux de signalisation Me donnent la force d’avancer sans me presser. Les panneaux sans déviation Me font dévier de la trajectoire de mon passé.
Je n’ai pas envie du péage, Mais juste de payer le prix de ma liberté, Je n’ai pas vu le paysage La route est belle et le bonheur à ma portée.
Encore quelques kilomètres, Et je vais pouvoir prendre la sortie dix-sept Encore respirer l’air à la vitre, Avant que la vie me montre toutes ses facettes.
Tes yeux, Je ne peux m’empêcher de les admirer, Mieux, C’est le centre de mon monde.
Ton sourire, J’ai tant envie de le dévorer tout entier, Pire, Rayonne à des lieues à la ronde.
Ta peau, Sous mes caresses, c’est doux et chaud, En un mot, Résister est un effort inutile.
Ton visage, Illumine mon esprit et trouve les mots, Peu sages, Illustrant mon désir servile.
J’ai trouvé un joyau de Russie, La pierre angulaire Qui manquait à ma petite vie. J’ai trouvé, et j’en suis fier, L’amour qui manquait à mes nuits, La sérénité de mon âme. Tu fais fuir tous mes ennuis, Les assassinent comme une lame.
Mon amour N’a d’égal que la plénitude de mes pensées, Toujours Torturées avant que tu ne viennes.
Mon esprit N’attend que tes caresses et tes baisers ! Il est ravi Et veut que nos corps s’éprennent.
Il y a des paradis lointains Qui ne sont que chagrins Faits de cendres Comme d’ombres. Mais ils protègent pourtant, Ils sont réconfortants. Je les connais. J’y suis même né.
Loin des foules hallucinantes, Loin d’être aimante, Je me protégeais, La Lune me lovait. Mais il arrive un atterrissage, Il arrive l’amour en mirage Avec ces cadeaux, Et enfin les maux…
Je suis arrivé sur Terre Et depuis je me perds. Je retournerai sur la Lune Pour éviter la gravité Du monde où je perds pieds. Je retournerai sans rancune Dans l’ombre de ma coquille Qui, d’habitude, m’habille.
J’ai la peau exposée au soleil Qui me brûle sans pareil Comme un toast, Les larmes accostent. J’ai le cœur fait de lambeaux, Lacéré par un beau couteau, Le sang rouge vif Fuit tout ce suif.
Le goût de ce venin est amer, Les gerçures soufflant la braise Adoucissent l’ire des chaires, Le mal se meut avec toute l’aise De ce moment qui me brûle.
Ma peau s’endurcit un moment Puis la mue opère, les globules Amène le feu qui tue lentement Ma raison, mon cœur, mon âme. Mon destin est une suite infâme.
Le destin poursuit sa route Et m’écrase comme une fourmi Et quoique tout cela m’en coûte, Je souris comme face à l’oubli De mes peines qui me font face.
Je souris sans joie, je poursuis Ma route, ma pauvre carcasse Avance et oublie que si je suis Un homme, c’est par malheur Que j’attends ma dernière heure !
Est-elle arrivée au bout de l’horizon ? Nage-t-elle toujours, mon petit-frère sur le dos pour l’atteindre ? Pourquoi ne m-a-t-elle pas attendu ? Sans doute parce que je ne sais pas nager. Elle reviendra plus tard, lorsqu’elle aura trouvé le paradis que papa et elle nous promettait. Je jalouse mon petit-frère. Il l’atteindra avant moi. Je suis coincé ici. Sur cette île où papa et moi attendons de savoir ce que la police fera de nous. Je regarde l’horizon pour guetter le retour de ma maman. Combien de temps mettra-t-elle pour revenir ? Elle me manque. Lorsque l’horizon se dessinait sur le sable, cela paraissait déjà long. Nous avons passé beaucoup de jours et de nuits à traverser des pays et des déserts. Maman ne me manquait pas. Elle me racontait l’endroit où nous allions vivre. Elle me décrivait la grande tour où son tonton vivait. Elle était plus grande que toutes les habitations que j’ai vu dans ma vie. Elle touchait le ciel certains jours. Son tonton disait qu’on pouvait croire que les nuages rentraient dans les maisons. Il pouvait manger à sa faim. Cela semblait féérique. Maman m’a toujours paru être magicienne. Elle est capable de faire à manger de peu de choses. Elle transformait les maigres réserves en festin. Lorsqu’elle nous chantait les histoires du pays, on l’imaginait convoquer les esprits. J’envie mon petit frère qui peut encore les entendre. Elle ne chantait plus depuis que nous avions quitté le village. C’est comme si les esprits étaient restés là-bas. Ce qui était bien, c’est qu’elle nous embrassait et nous serrait dans ses bras plus souvent encore. Surtout quand les autres adultes criaient. Elle savait réduire les hurlements. Elle est magique maman. J’ai eu très peur lorsque nous avons grimpé sur le bateau. Je voyais bien que papa et maman aussi. Elle ne voulait pas. Il disait que nous n’avions plus le choix. Alors elle m’a réconforté et mis à côté d’elle dans ce canot très rempli. Je la serrais du plus fort que je pouvais. Elle n’a rien dit lorsque je me suis pissé dessus. Ses grands yeux tristes m’ont regardé et elle m’a embrassé. Quand il a chaviré, beaucoup de monde est tombé. Papa a tenté de nous rattraper. Dans les remous de la mer, j’ai tout fait pour ne pas le lâcher. Je me suis cramponné. Je n’ai rouvert les yeux que lorsque nous avons été amenés dans le grand bateau. Papa hurlait et pleurait. Je ne comprenais pas. J’attends toujours, le regard sur l’horizon. Elle a sans doute atteint l’autre rive. Peut-être qu’ils ont retrouvé son tonton. J’aimerais tant la revoir. La serrer fort dans mes bras. J’essaye de plus faire pipi sur moi pour qu’elle soit fière de moi. Papa pleure toujours. Reviens maman. J’aimerais entendre encore les chansons d’autrefois. J’aimerais que papa arrête de pleurer. Reviens vite.