Homme 3.0

Les yeux rivés à l’écran,
Je clique sur tous les liens.
Y’a trop de réels marrants
Pour voir que ce n’est rien.

Impossible de rencontrer
Autre chose que le lancinant
Sentiment d’être cloitré
Dans un lieu au lien néant.

Ce monde est débordé
Par son intelligence superficielle.
Il va faire des embardés
A force d’émotions artificielles.

Jamais loin de se trouver seul,
Il suffit d’une phrase énervée
Pour qu’on se fasse la gueule.
Les tensions restent gravées.

Les amis ont évolué en avatars
Et les conversations en posts.
Si l’envie de sortir du brouillard
Vous prend, prêt à la riposte.

Uniphobe

Laissez-moi vomir cette pensée uniforme
Par mon cœur révulsé de vos contraintes.
Laissez-moi vous débarrasser de vos normes
A la dynamite, ce sera bien, n’ayez crainte.

Laissez-moi redessiner les traits difformes
Que vos yeux imaginent sans un regard.
Laissez-moi vous déshabiller, votre uniforme
Kaki est laid et vous laisse dans le brouillard.

Les chemins n’ont de frontières
Que là où s’arrêtent la lumière.
Nous ployons pour un maitre
Qu’il est temps de démettre.
L’autodafé des us et coutumes,
Si vous voulez, je vous l’allume.

Laissez-vous vous montrer les diverses formes
Que ce monde peut offrir à ceux qui l’écoutent.
Laissez-vous divertir de manière non conforme,
Juste pour le plaisir de découvrir une autre route.

Dernières retouche sur 7

Bonjour les amis,
Les dernières retouches du texte sont finies 🤪.
J’attends avec impatience la suite des opérations avec ma nouvelle maison d’édition Faralonn Editions. J’en profite pour leur renouveler toute ma gratitude pour la confiance, la chance, la reconnaissance qu’ils m’offrent.
J’apprends beaucoup avec eux. C’est un vrai plaisir de travailler avec et pour eux.
J’ai tellement hâte de vous en dire plus, de voir 7 dans vos mains, de lire vos critiques, de discuter avec vous de ce nouveau bébé qui, bientôt, prendra son envol.
A très vite

Dans de beaux draps

Arrête d’affoler ma fragile raison !
J’ai du mal à prendre conscience
A côté de toi, de tes exhalaisons
Qui font de l’amour une abondance.

Arrête d’atténuer mon for intérieur !
Je succombe à tes mots ensorcelés.
Je découvre avec toi mon impudeur
Tant que mon cœur n’est pas morcelé.

Il a fallu que nous nous étreignons
Dans de beaux draps,
Comme si s’aimer aller de soi.
Il a fallu que nous nous imprégnions
D’un jeu qui prendra
Toute mon âme ! Et bien soit !

Continue à pénétrer mon avenir
Et agrandir les pièces poussiéreuses
Qui compose ma vie de martyr.
Je cède à cette fièvre impérieuse.

Il a fallu que nous nous étreignons
Dans de beaux draps,
Comme si s’aimer aller de soi.
Je veux qu’enfin nous enchainions
Nos avenirs à ton aura,
Car j’ai décidé d’être ta proie.

En nos troubles

Largué en pleine tempête,
Je n’oublie pas les peines
Capitales que mon poète
A subi de par ma faute.
Il a plongé dans la Seine
Et la marche était haute.

Je ne brassais pas du vent
Quand j’exprimais l’amour,
Nous deux nus sur le divan,
Qui à l’instant submergeait
Tout en moi. Le souffle court,
Il devenait mon seul sujet.

Mon lit, ce beau radeau
Où nous nous laissions dériver,
M’a présenté ce cadeau
Sur lequel j’ai tellement salivé
Même si, à mon âge,
Pour naviguer en nos troubles,
J’ai pris son dépucelage,
Et je n’en ressens qu’encoubles.

Sans affronter la houle,
Notre bateau disloqué
Sur les vagues qui roulent
Et nous sépare à des lieus.
Mon cœur fait bilboquet
A la pensée de nous deux.

Laisse parler la poudre

Pas besoin de se confronter en duel,
La tension est amplement étouffante.
Sans or, juste du plomb dans l’aile
Pour tenter de te voler dans les plumes
Car notre passion est bien souffrante
Depuis que j’ai augmenté le volume.

Laisse parler la poudre,
Par le nez le dissoudre
Pour éloigner la foudre
Et ne plus en découdre.
Laisse parler la foudre
Et mes mains absoudre
Tes péchés et les miens
Pour garder notre lien.

Pas besoin de cacher nos émotions
Derrière des tonnes de Marie-Jeanne.
Elles subissent la lente dissolution
Des sens. Laissons mourir le contrôle
Et partons prendre la seule médiane
Pour ne plus jamais jouer de rôles

Ehsan valse

Il se cramponnait aux jambes de sa mère
Pendant qu’elle lui mitonnait des saveurs
Qui remplaçait le parfum doux mammaire.
Il la suivait pour être près de son cœur.

Devenu enfant, il se cachait dans la maison
Vide pour s’émerveiller des soieries et voiles
Qu’il aimait essayer à en perdre la raison.
Son caractère délicat intimement se dévoile.

Jeune adolescent fluet et loin des standards,
Il prie pour garder sa peau glabre et satinée.
Les claques du père n’en font pas un gaillard.
Les câlins de la mère n’aide pas le mâle né.

Alors Ehsan valse dans les robes de sa mère
Pour oublier son sexe, pour oublier son rang.
Ehsan valse avec un beau cavalier imaginaire
Aux yeux de personne car il habite en Iran.

Et aujourd’hui Ehsan valse aux yeux de tous,
Au bout d’une corde au milieu de la place.
Ehsan se balance sans montrer de frousse
Maintenant qu’il entame sa dernière valse.

Mon cœur déconne

Mon cœur déconne.
Ça bat la chamade mais ça fait mal.
Il en fait des tonnes.
Il me pousse à une crise lacrymale.
Ma tête interprète.
IL faudrait qu’elle lâche l’affaire.
Ce ne sera pas la fête.
Le chemin serait plus long en arrière.

Mon cœur continue
Toujours en foutu mode alternatif.
Il me met encore à nu.
En terme de plantage, il est créatif.
Ma tête veut ralentir
Les oscillations de mon cœur tendre.
Ça ne peut qu’aboutir
A mes fous penchants polyandres.

Mes sentiments valsent
Comme des derviches tourneurs
Au bord d’une salse
Et emporte mes dernières heures.

Mon cœur n’arrête
Pas de me tourmenter joyeusement
Comme si les êtres
S’interchangeaient tel un vêtement.
Ma tête veut le tuer
Pour mettre fin à mes tourments
Que, dans une ruée,
Mon équin cœur encore ment.

Mes sentiments valsent
Comme des derviches tourneurs
Au bord d’une salse
Et emporte mes dernières heures.

Laissez-moi dormir
Pour ne plus continuer de rêver
A ce visage en mire
Dont l’absence me fait crever.

Mon gros problème

Veux-tu ma verge ?
Alors prends ton scalpel et enfonce la lame
Bien profondément pour écarter les berges
De mon thorax.
Tu y trouveras mon cœur dans les flammes
Qui attend patiemment la fin sans Xanax.

Veux-tu mon chibre ?
Alors regarde-moi dans les yeux si tu oses !
De quel côté vas-tu faire tomber l’équilibre
Si fragile que je suis ?
Il y a des lèvres où il faut que tu déposes
Un baiser si tu m’aimes et alors je te suis.

Veux-tu mon pénis ?
Tu vas devoir d’abord conquérir le reste
Si d’aventure tu aimes d’autres délices.
Régale-toi de moi !
Mais je sais que passer tu fuiras la peste
Comme d’autres l’ont fait à chaque fois.

Veux-tu mon membre ?
Prends-le et ne me le rends surtout pas !
Coupe à la racine du mâle. Tu te cambres
Puis tu te casses
Plutôt que de briser mon cœur, cet appât
A malheur qui me cache derrière sa face.

Ce cœur n’appartient à personne

Ce sont les premières lignes d’une autobiographie que j’ai craché il y a quelques jours. Un besoin irrationnel et inconscient de mettre à nu cet évènement qui a marqué ma vie. Sans fioriture. Sans rime. Sans image. Juste les mots aussi bruts que l’action, que le saignement qui a suivi.

Ainsi me révéla-t-il la sexualité. Dix ans trop tôt si l’on se fie à la législation. Un peu moins, m’en est avis. Aucun signe, aucune pensée, aucune émotion, aucun incident ne m’avait prévenu jusque là de mon goût pour les gens de même sexe que moi. Je batifolais dans une enfance insouciante qui n’avait pas encore basculé dans le côté obscur de la violence ordinaire. Pas complètement naïf, je vivais tout de même des jours paisibles.
Jeune garçon sans intérêt ni beauté particulière et légèrement arrondi, seuls les gens de ma famille me décrivaient comme mignon. Je ne m’en formalisais pas. Être normal me convenait. Ma sœur a monopolisé toute la beauté que mes parents avaient en réserve. Cuvée millésime 1977 de très bonne facture. Mes grands-parents m’apportaient tout l’amour nécessaire à un équilibre précaire. Leur ferme me servait de sanctuaire.
Son doigt qui assiégeait mon séant symbolisait mon entrée fracassante dans un monde non désiré qui finirait par devenir le mien. Et sans aucun plaisir sur le moment. Je résistais. La douleur n’en sembla que plus pénible. Subir quelque chose qu’on essaye d’éviter décuple le traumatisme du moment. Ma voix s’étouffait dans la moquette de la chambre. Je gémissais, furieux de ne pas pouvoir sortir de son étreinte. Personne ne m’entendit hormis mon bourreau. Mon ami. Tout du moins, le considérais-je comme tel avant cet épisode digital. Je n’ai aucun souvenir de ses paroles. Elles ne me pénétrèrent pas plus que le reste. Peu importe. Je luttais tout autant en moi-même pour ne pas sombrer dans la folie que contre lui pour ne pas le laisser entrer. Je gigotais avec le peu de force que je pouvais y mettre, face contre terre, lui sur mon dos. Combien de temps assiégea-t-il ainsi ma porte arrière ? Aucune idée. Trop. L’Horloge a tôt fait de ralentir pour savourer toute la torture du monde.
Je ne célébrai pourtant pas ma victoire lorsqu’il décida d’abandonner sa position, sans doute las de ma résistance. Ou peut-être dois-je mon salut non pas à moi-même, mais à sa peur de voir surgir l’un de nos parents ou de nos fratries respectives. Je ne le saurai jamais. Il partit comme si de rien n’était, me laissant seul avec ses monstres que je devais adopter. Comme des virus. Comme des zombies. Combien de fois n’ai-je eu l’angoisse de contaminer ensuite ? Toute ma vie en fait. Même encore aujourd’hui. Une peur primale m’assaille comme une pensée malsaine : et si je reproduisais ce schéma ? Pas un instant, cette pensée ne me céda aucun centimètre carré de tranquillité. Elle a empoisonné ma conscience avec une efficacité désarmante. Blessante. Handicapante. Révoltante. Elle accompagnera mes vieux jours avec la même lueur perverse que ce jour fatidique.
Il avait fait jaillir en moi un univers jusque là fermé à mes sens et me planta là, le nez sur le sol et mon innocence six pieds sous terre. Rien de grave à ses yeux. Peut-être me mens-je ? Il se morfondit sans doute avec autant de douleur que moi ? Je me plais à l’idéaliser.
En tout cas, il n’avait rien à déclarer. Rien à signaler. J’en restais coi. Et que dire ? Comment réagir ? Je n’avais pas compris. Ni le début ni la fin. J’étais sonné. Aucune conscience aiguë de ce qu’il venait de se passer. Même pas que cela changerait ma vie pour toujours. J’y perdais la candeur que je voudrais pouvoir encore chérir. Qu’y gagnais-je ? Même près de quarante ans plus tard, je ne le conçois pas.
Même s’il se trouvait être mon ainé d’un an, je pense qu’il n’en avait fichtrement rien compris non plus. Même maintenant, je reste persuadé qu’il n’a que reproduit l’indescriptible. Qui l’a initié à ce rituel ? Lui seul sait. Et je n’aurai sans doute jamais l’occasion de le lui demander. Je ne le souhaite pas. À quoi cela me servirait ? Ce retour en arrière serait aussi inutile qu’un dessin dans le sable.
Je n’ai pour ma part jamais oublié ce passage à la vie désaxée d’adulte brutal et sans consentement. Je l’ai rangé dans une boite que je rouvre de temps à autre. Un besoin morbide de retoucher du doigt ce mal qui me ronge lorsqu’on me martyrise de nouveau. Un instinct qui me poursuit avec autant plaisir sadique que le Temps. Nous mourrons ensemble.
Je me suis longtemps demandé si mon homosexualité était née ce jour-là ou si cette spécificité ancrée en moi comme une tache se cachait déjà dans un recoin de mon âme, attendant son heure pour frapper. Je n’en sais bigrement rien. Il semble que mon goût pour mes pairs se soit ajouté telle une nouvelle couleur dans le spectre visuel peu de temps après ce tragique accident de parcours.
Je n’avais pas signé pour cela. J’en saigne encore.