Elle me fait valser

J’ai écrit de poème en 2011, après avoir appris que j’étais atteint d’une maladie orpheline incurable qui devait normalement me diminuer insidieusement. Je me suis battu. Je n’ai pas gagné mais elle non plus.

Je ne l’ai pas vu arriver,
De son pas feutré tel un Persan,
Empoisonnant mes pensées,
Alourdissant mes veines de sang.

Je ne l’ai pas vu m’enserrer
Lentement, étouffer ma volonté,
S’agripper à moi, me lacérer
Insidieusement, tout désir ôté.

Mon corps s’est lentement
Arrêté d’obéir à mes ordonnances,
Ankylosé par tellement
De lourdeur, plus rien n’a de sens.

Elle a eu le meilleur de moi,
Elle a pris le contrôle de mon corps,
Détruisant tous mes émois,
Prenant le contrôle de mon sort.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.

Mon sang désormais glisse
Tel un gosse rieur sur un toboggan.
Médicament boite à malice,
L’aspirine est devenu mon onguent.

Mais mon âme mise à mal
Veut reprendre la bonne direction,
Combattre ce mal infernal
Pour une victoire sans conditions.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.

Le crocoeur

Mes yeux m’ont trompé,
J’ai eu l’illusion d’être aimé,
D’avoir aperçu la lumière
Derrière mes vantaux peints
De mon sang au goût amer.
Le soleil se levait le matin.

Mon ouïe m’a trompé,
J’ai entendu le mot aimer.
J’ai entendu des mots si doux
Et pourtant j’y ai vraiment cru
Jusqu’à comprendre enfin tout,
Les quiproquos et malentendus.

Mon toucher m’a trompé,
J’ai eu l’impression d’être aimé
Mais l’impression s’est effacé
Avec la raréfaction des caresses,
L’oubli de la façon d’enlacer,
Jusqu’à ce que tout disparaisse.

On a croqué mon cœur
Comme un fruit bien mûr.
Je n’ai pas ressenti la peur
De la proie dos au mur.
On a croqué mon cœur
Mais c’est là que la douleur
Se ressent, piqure de rappel
Pour éviter les hormones
Qui vont aller de plus bel
Réveiller en moi l’homme.

Mon odorat m’a trompé,
Je me suis senti si aimé.
Je n’ai pas senti le nauséabond
parfum de mes prédécesseurs,
Enivrant comme mon abandon
Je sens enfin cette odeur.

Ma langue m’a trompé,
Alléché par le fait d’être aimé.
C’était animal et instinctif,
L’envie d’être mêlé, mélangé
Mais j’ai dû être roboratif
Et je ne suis plus à manger.

La comptine de l’âme perdue

Il est possible d’aimer et souffrir
En même temps, je l’ai appris.
J’ai appris ma leçon sans plaisir,
Sans y avoir vraiment réfléchi.

Il est possible que je sois ignorant,
Que cette leçon soit l’instrument
De ma pensée. Aimer et souffrir
Est devenu la raison de mon ire.

Il est possible que j’me fasse souffrir
Tout seul, un besoin suicidaire
Qui traverse mon corps en délire,
Ou un poison qui a envahit mon air.

Quelqu’un a éteint la lumière
Sur mon chemin,
M’obligeant à tâter l’air
Du bout de mes mains
Pour retrouver ton amour.
C’est peut-être moi
Qui l’est éteint ? Toi ?
Je ne crie pas « Au secours ».

Il est possible que mon cœur s’arrête
Sans que cela ne te fasse de peine,
Mais je n’ai pas envie de faire le test
Ma main étant bien dans la tienne.

Il est possible que je sois devenu fou,
Fou de toi, ma raison perdue de vue.
Alors c’est à moi de retrouver le nous,
Pour rester sur le chemin tant voulu.

Mon amour de l’O

Je n’ai plus peur du tout de me mouiller,
De plonger dans le bonheur qui me noie.
Je fais l’étoile ou le fond je le vais fouiller
Pour trouver l’inspiration d’un air benoit.

Je me sens bien à flâner sur le dos, sur le lit
Ou dans la piscine, je suis si bien entouré
De tes bras et de toi que dans tes yeux je lis
L’amour et je fais la bascule pour te dévorer.

Il faut que je t’embrasse à tout moment,
Sur terre ou sur mer, en vrai ou en virtuel,
Car dans ton monde je suis moi vraiment.

Je nage librement, l’eau et moi font un duel
Où nos forces se mêlent inlassablement
Pour former le cercle parfait des amants.