La fille sans prénom
Je me souviens de ta peau couleur crème
Et de tes cheveux noirs un peu hirsutes.
Tu étais si petite et si calme. La minute
Où je t’ai vu ne fut pas un rêve bohême.
Rien dans ton sommeil paisible ne montrait
Le drame que ta vie était déjà. Tu étais sage
Et tu respirais simplement, une belle image
Pour une vie future où tout reste à créer.
Un jeune père comme moi n’a plus d’armure
Pour affronter une telle réalité inimaginable.
Mes pensées ont hué une mère qu’on accable
Sans savoir les raisons d’un choix sans doute mûr.
J’aurais tant voulu te serrer dans mes bras…
Je me suis senti si incapable devant ton berceau,
Incapable de recoller ta vie déjà en morceaux,
Incapable de pouvoir soulager le mal qui viendra.
Chère petite fille sans prénom,
Je pense à toi
Comme on pense à un enfant perdu,
Je pense à ce prénom
Que j’avais imaginé pour toi
A cette vie ensemble, ton bonheur dû.
Je pense à toi qui attendait une reconnaissance,
Toi qui n’avais pas de prénom à ta naissance.
Cette pensée me hante car j’ai voulu tout tenter,
Te donner en présent une sœur de ma fille aimée,
De te donner une famille qui s’est autoproclamée,
De te donner un avenir que tu pourrais souhaiter.
Mais il y a des lois, il y a d’innombrables procédures,
Il y a des familles aimantes prêtes à être ton foyer
Mais mon cœur regrettera de ne pas avoir essayer
Car tu as bouleversé ma vie de ton destin si dur