Le jardin d’Aphrodite

Je viens d’un chemin boueux esseulé,
Mes pieds sales continuent la route
Alors que la tête est emplie de doutes,
Voulant s’arrêter au lieu de s’entêter.

Le chemin est mal aisé mais mes pieds
Avancent dans leur sillon et portent
Mon être en avant. Ils font en sorte
De m’enfermer dans ce doux bourbier.

Mes yeux se sont posés innocemment
Sur ce jardin coloré et le mouvement
Automatique a dévié vers cet aimant,
Vers un jardin où vivent les amants.

Le soleil donne de belles couleurs
A ce jardin aux charmes enchanteurs
Où toute la nature chante en chœur
Dans ma tête qui sent le bonheur.

Je sais, c’est niais, mais je sens naître
Un sentiment nouveau, ou renaître
Ce sentiment de plénitude, ou être
A nouveau vivant en toute lettre.

Amour tortueux comme l’olivier
Sous lequel je me repose, vivier
De mon énergie. Mon destin lié
Libère enfin mon cœur qui a plié.

Je vois alors ce sureau plongeant
Racine dans l’eau d’une rivière
Et m’approche innocemment
Et finit par tomber telle une pierre.

Bizarrement, je me sens si bien !
J’avance dans ce milieu nouveau.
Je sens le regard d’un dauphin.
Il se connecte à mon cerveau.

Je le suis comme je suis le courant,
Entre fièvre et frisson qui cours
Dans mes veines et se répand
Tel un puissant courant d’amour.

Il s’amuse et sourit de cet instant.
Il m’amène loin, je glisse aisément
Jusqu’à retrouver terre un temps
Puis y retourner vivre le moment.

Pardon

Je sais que je ressasse le passé,
Les nuits solitaires imprévisibles,
Les portes ouvertes enfoncées
De nos discussions très pénibles.

Je sais que tes sentiments sont là,
Peut-être ressentis, voire intacts
Mais si ton amour est comme cela,
J’aimerais pouvoir dire avec tact…

Pardon mais je l’aime,
Pardon de briser notre lien,
Pardon du trouble que je sème,
Pardon d’enlever tes lendemains,
Pardon pour les nuits blanches,
Pardon d’avoir eu la flemme,
Pardon des discussions franches
Mais vois-tu ? Je l’aime.

Ouvert au monde

Ceci est un poème écrit en 2012. Il est sorti suite à une désillusion qui m’avait brisé le cœur alors que j’avais tout fait pour ne plus être brisé par les personnes que j’aime.

Ligne de vie

Ma tête va éclater
En feu d’artifice,
Mon cœur en pâté
Est complice.

J’ai trop de devoirs
A faire adroit
Mais devant c’est noir
Enfin, je crois.

Sort par mes yeux
Les tablettes
De pierre de ce Dieu
Qui m’embête.

L’air me manque
Et j’attends
Le grand Big bang
Un vrai élan

Où est la ligne à dépasser ?
Où est la frontière du réel ?
Est-elle droite, parallèle
A ma ligne de vie tracée ?

Trop de transmissions
Entre neurones
Trop d’idées en fusions
Qui m’assomment.

J’ai besoin de voir clair
Ce que je fais
Sur cette maudite Terre
Qui m’effraie.

Où est la ligne à dépasser ?
Où est la frontière du réel ?
Est-elle droite, parallèle
A ma ligne de vie tracée ?

Cocon

Le temps s’étire jusqu’aux murs
Pour ensuite rebondir à vive allure
Et ainsi nous gifler à contretemps
Et réveiller le besoin ici existant

De sortir de ce morne cercle vicieux :
Dormir, manger et travailler au mieux
Puis oublier le vide abyssal qui entoure
Notre vie de ses plus beaux atours.

L’espace se fige entre cette porte
Et ces murs telle une place forte
Où l’extérieur est un possible danger
Voire un rêve pour âmes dérangées.

La raison s’agrippe à un futur proche
Où au dehors vivent nos chers proches
Pour enfin les enlacer voire embrasser
Encore une fois sans jamais se lasser.

Je suis une bête croissante et tapie
Dans un cocon, qui va de mal en pis
Mais qui se transforme en papillon
Ou peut-être plutôt en mirmillon.

Les sourires d’Arusha

Cette balade dans une ruelle famélique
M’enivrait d’épices couleur orange soufré
Qui promettent des saveurs si magiques
Que mes pas semblent devenus légers.
Je plongeais mes peurs dans des sourires
Edentés et entiers qui réchauffent le cœur
Aussi surement qu’un cadeau à ouvrir
Ecarquille les yeux d’enfants d’ailleurs.
J’abandonne préjugés et condescendance
Sur le bord de cette route où cet homme
Coupe l’herbe à la faux, tâche immense
Tel vider la mer d’une cuillère. Fantômes
De mes idées arrêtées, ombre de la réalité,
J’honnis les pensées blanches menteuses
Pour admirer ce jeune garçon concentré
A nettoyer son vélo dans cette eau boueuse.
J’oublie l’heure, l’anxiété et même le stress
Dans ces vallées vertes à terre vermeille
Où dansent pour nous avec grande prouesse
Les enfants Massaïs. Ses anges m’émerveillent.
Je me laisse emporter sur cette barque
Dirigée lentement. « Hakuna matata », ce chant
Swahili berce mes oreilles et je débarque
Sur l’eau turquoise et sereine de ce chaud océan
Pour admirer cette faune colorée aquatique
A portée de mains, poissons en goguettes.
Je flotte au milieu de ce monde idyllique
Où la gentillesse égale l’humeur souvent discrète
De ce peuple pacifique joyeux et conteur
Qui aime sa nature sans ressource ni minerai rare.
Impossible de quitter ce pays aux senteurs
Fécondes et aux couleurs si généreuses car
C’est ici que la bonté a trouvé parfait asile,
En Tanzanie, Mère-patrie d’un peuple juste
Où j’ai enfin retrouvé une vie paisible et facile
En harmonie avec eux, sous un bel arbuste.

Le cap

Il y a de la désespérance
Dans ce regard que l’on croise
Comme une brèche sur l’enfance…
Lorsqu’on voit un adulte qui le toise.

Il y a de l’indifférence
Dans ce sourire mécanique
Qui, vide de tous ces sens,
Répond à ses pleurs tragiques.

Il y a de l’abattement
Sur le vide qui nous entoure
Lorsque l’être si aimant
Est parti pour plus qu’un tour.

Il y a des âmes
Lourdes à porter
Sans être infame,
Sans être maniéré
Si nous ne traçons pas un chemin…
Le nôtre ou celui de notre destin.
La vie n’est pas un droit qui va de soi.
Et la mort n’est pas une fin en soi.
Il y a de sombres mélancolies
Qui font tanguer le navire
Sous des tempêtes de soucis
Mais en mer, on ne peut fuir.

Il y a des abandons
Qui soulage la conscience
Mais il faut savoir tenir bon
Et tenir le cap sans impatience.

Le plongeon

Fermer les yeux aide.
L’espace se dissout en volute.
Mon corps au vertige cède.
Mon esprit toujours lutte.

Passé la claque dans le dos,
La sensation est très douce,
Mon corps est submergé d’eau
Vers le haut on me pousse.

Pour toi je fais le plongeon,
Vers l’inconnu. Pas du tout !
L’amour comme un bourgeon
S’épanouit. Tu m’aimes. Itou.

Ce n’est pas vers l’inconnu
Que mon âme m’a plongée.
C’est mon âme sœur à nue.
C’est là que je vais m’allonger.

Nait, vit et meurt

L’Amour est parfois fusionnel.
Ça débute par deux âmes qui s’enlacent
Et se nourrissent puis se lassent
A force de s’étouffer quand l’air s’en mêle.

L’amour est parfois charnel,
Il virevolte tel une pulsion sans réflexion
Qui pousse l’autre à l’exclusion.
Il ne faut plus compter sur l’amour fidèle.

Il y a des systèmes d’auto-défense
Qui n’ont pas de sens
Et ne laissent pas indemne
Celui qui les sème.
Il y a des prières
Dites les yeux fermés
Si forts mais on est désarmé
Avec cette cuillère face à la mer.

L’amour c’est parfois douloureux
Lorsque les âmes fondues enfin s’étirent
Chacun dans un sens puis tirent
Puis le temps les sépare pour être heureux.

L’amour c’est parfois la mort
Des rêves que l’on avait patiemment forgés
Et le calice jusqu’à la lie par gorgée
De cette potion brulante qu’en boit à remords.