Vide sans toi

Un vase chinois sur la table.
Un portrait du passé déjà oublié.
Une statue sur la commode implacable.
Des porcelaines, à côté, aux figures mouillées.
Des cendres dans le cendrier qui a trop servi.
Et enfin un appartement vide sans toi.
Ce qu’il reste de nos amours ravis,
Des jours où j’étais près de toi.
Ces larmes me mettent à bout,
Tant de forces m’ont perdu.
Ton souvenir me rend fou,
Fou de toi. Je suis perdu.
Tu ne reviendras pas.
Je te cherche,
T’es plus là,
Je pêche
De n’avoir plus de foi,
L’appartement est trop vide sans toi.

Tête en l’air

Contre l’amour à l’envers,
J’ai qu’une solution judicieuse :
Ce sont tous mes revers.
Même si c’est une tendance fâcheuse,
Je la préfère à ces charlatans
Se nourrissant de toi, de ton argent.

Tu peux me traiter de tête en l’air,
Si je vais tomber de haut,
J’espère être rattrapé par ta chair.
Rattrape-moi avant que je sois KO.

Si je rencontre un gentil génie,
Je lui demanderais un passé.
Je t’embêterai toute ma vie,
Je deviendrai un fantôme aimé,
Je t’aimerai quand même à vie.
Tes rêves seront mes amis.

Tu peux me traiter de tête en l’air,
Si je vais tomber de haut,
J’espère être rattrapé par ta chair.
Rattrape-moi avant que je sois KO.

Finis les amours de passage,
Même s’il faut que je sois sage.
L’amour c’est comme du blé
Qu’on sème et qu’on va récolter.
De ton parfum je ne garde rien
Que l’ivresse de tes reins.

Tomber 7 fois

A chaque fois, j’y laisse un bout d’âme.
Ça me déchire les entrailles avec les dents.
A chaque fois, je vois d’agiter une lame
Qui emporte une part sans précédent.

Aimer donne le sentiment fou de renaître
Tel le Phoenix, comme dans un jour éternel.
Mais quand la nuit revient prendre mon être,
Je voudrais me cacher de ce destin criminel

Qui veut encore une fois me dépecer là.
Je ne veux plus tomber une septième fois
Car je vais y laisser plus que moi cette fois.

Je voudrais ne plus tomber, être le plat
De résistance de cette nature immuable
Qui nous détruit pour se mettre à table.

La veuve folle

Habillée en noir,
Se souvenant du dernier soir
Avec son mari
Et sa meilleure amie.
Fidèle toute sa vie
A celui qu’elle a hait
Autant qu’elle-même
Et sans un «je t’aime »,
Elle le regarde sans son âme
Et ne verse aucune larme.

C’est la veuve folle
Dont tout s’envole
Même son âme
Et la jeune femme
Qu’elle ne sera plus
A cause de ce mordu.

Le cortège est si triste
Et si longue est la piste !
Elle est devant
Et en attendant
D’arriver au cimetière,
Elle se rappelle Pierre
Le défunt. Vieux fou,
Tu étais son époux,
Elle s’est vengée de toi,
Elle en a le droit.

C’est la veuve folle
Dont tout s’envole
Même son âme
Et la jeune femme
Qu’elle ne sera plus

A cause de ce mordu.

Qu’arrive-t-il à cette femme
Qui a épousé cet infâme ?
Que cache ce voile noir ?
Une triste femme
Qui se perd dans un couloir
Qui est celui de son âme.
Tout le monde sait qu’elle
S’en fiche de son mari
Et que si elle semble belle
De l’extérieur, elle est finie.

Mon cœur comme le tien

Mon cœur comme le tien
Bat et se débat
Sur ce fil qui nous maintient
Dans ce combat
Qui ne connait pas de raison.
Baisse tes yeux,
Le sol comme seul horizon.
Je te dis Adieu.

Mon cœur comme le tien
Bat la chamade
Dans ce huis-clos contraint
Car il ne s’évade
Pas de nos corps paralysé.
Baisse tes yeux
Sur ton mensonge mal aisé.
Je te dis Adieu.

Mon cœur comme le tien
Veut exploser
Car plus rien ne le retient
Après avoir osé
Ces paroles très déplacées.
Baisse les yeux
Sur notre amour dépassé.
Je te dis Adieu

Rien que toi

Je suis devenu l’accroc que tu vois,
Un accroc à ton célibat,
Un anicroche sur ton chemin,
Une vie qui s’accroche à ta main.

Je ne te quitte plus des yeux,
De peur que tu n’ailles au mieux,
Mieux que moi, nouveau né
Dans ton univers animé.

J’ai le cœur à la chamade,
Agissant comme un malade,
Qui se chamaille à ma raison
En attendant une guérison.

Dans mon monde il n’y a
Plus que toi,
Rien que toi
Et, ça va de soi,
Tous les émois
Et pas que de joie.
Dans mon monde il n’y a
Rien que toi.

Mes mains ne veulent te lâcher
Dans la nature quitte à fâcher
Ta liberté. Elles caressent
L’espoir de te tenir en laisse.

Mon cœur bat sans relâche
De peur qu’il ne se lâche.
Ma raison est bien trop fragile
Et se laisse aller, docile.

Soumission

37 ans d’écriture pour mettre sur papier mes angoisses et pourtant 37 ans de silence sur ce drame qui a bouleversé ma vie. J’aimerais tourner la page. Peut-être dois-je la partager pour cela?

Les mains au sol,
Son poids comprimant mon corps,
Plus aucun effort
Ne pouvait m’éviter ses gaudrioles.
Soumission
Par définition.
Mais sous lui
Par effraction.
Sans réaction,
Je n’ai pas fui.

Pendant qu’il menaça
Mon intégrité de ses paroles bestiaires,
Je cherchais un peu d’air
Pour me sortir de là comme un forçat.

Son odeur corporelle
Empoisonnait mon esprit embrouillé,
Car je n’avais plus pied,
Dans cet enfer aux éclats intemporelles.

J’avais à peine huit ans,
Un garçon insatiable de testostérone
Qui, sur moi, fanfaronne
Et de ses doigts sur la Lune s’égarant…

Les mains au sol,
Son poids comprimant mon corps,
Plus aucun effort
Ne pouvait m’éviter ses gaudrioles.
Soumission
Par définition.
Mais sous lui
Par effraction.
Sans réaction,
Je n’ai pas fui.

Je n’ai rien oublié
De cette traversée infernale du Cocyte.
L’âme salie, ce coït
Qui me hante la nuit jusqu’à m’en noyer.

J’ai tout pardonné
Car à neuf ans, mon bourreau était mime.
Je vois une victime
Qui a reproduit une histoire brouillonnée.

Cela n’efface rien
De la souffrance qui a conduit mon existence,
Ruiné mes sens,
Mais aucune condamnation ne me fera du bien.

Puisque Dieu existe

Puisque Dieu existe,
Que je suis en bout de piste,
Ai-je le droit de m’allonger?
Puisque Dieu est triste
Et miséricordieux masochiste
Puis-je enfin aller plonger?

La vie comme un cirque
Me présente à ce public
Comme une bête de foire
Que tout le monde doit voir.

La vie me tient mes ailes,
Me trimballe avec des ficelles
Au bout des doigts usés
Par les gestes sans volonté.

La vie me ballade sans cesse
D’un jardin que tout délaisse
A une voie sans queue ni tête
M’amenant au vide esthète.

La vie me traîne à un train d’enfer.
Destination inconnue où s’enterrent
Les volontés les plus farouches
Et les mots non sortis de ma bouche.

Mon univers

Rond
Comme la Terre
Qui tourne encore en rond
Autour de toi, mon astre de lumière.
Je vis pour toi mon soleil sans équivalent, sans pareil,
Ma fille que rien ne perturbe jamais dans sa volonté forgée de m’aimer
Comme il se doit. Tes mots et tes gestes d’amour qui toujours m’émerveillent.
Tes yeux me donnent une énergie que j’accumule et rend sans pouvoir me lasser.
Je te donne tout de moi dans ce monde qui, de ma Lune, est un très imposant exil.
J’essuie tes larmes comme je nettoie tes plaies car je ne peux pas les supporter.
Elles me bouleversent ridiculement lorsque je vois leur incroyable futilité.
Et j’accours pour t’apaiser pour combler l’ensemble de tes vanités.
Je tente de te faire rire pour voir ton immense sourire
Qui émerveille mes journées. Ton âme brille
Dans ma mémoire. Je vis le pire
Et le meilleur pour ma fille.
Mon cœur pour toi.
Ton papa.

Le jardin d’Aphrodite

Je viens d’un chemin boueux esseulé,
Mes pieds sales continuent la route
Alors que la tête est emplie de doutes,
Voulant s’arrêter au lieu de s’entêter.

Le chemin est mal aisé mais mes pieds
Avancent dans leur sillon et portent
Mon être en avant. Ils font en sorte
De m’enfermer dans ce doux bourbier.

Mes yeux se sont posés innocemment
Sur ce jardin coloré et le mouvement
Automatique a dévié vers cet aimant,
Vers un jardin où vivent les amants.

Le soleil donne de belles couleurs
A ce jardin aux charmes enchanteurs
Où toute la nature chante en chœur
Dans ma tête qui sent le bonheur.

Je sais, c’est niais, mais je sens naître
Un sentiment nouveau, ou renaître
Ce sentiment de plénitude, ou être
A nouveau vivant en toute lettre.

Amour tortueux comme l’olivier
Sous lequel je me repose, vivier
De mon énergie. Mon destin lié
Libère enfin mon cœur qui a plié.

Je vois alors ce sureau plongeant
Racine dans l’eau d’une rivière
Et m’approche innocemment
Et finit par tomber telle une pierre.

Bizarrement, je me sens si bien !
J’avance dans ce milieu nouveau.
Je sens le regard d’un dauphin.
Il se connecte à mon cerveau.

Je le suis comme je suis le courant,
Entre fièvre et frisson qui cours
Dans mes veines et se répand
Tel un puissant courant d’amour.

Il s’amuse et sourit de cet instant.
Il m’amène loin, je glisse aisément
Jusqu’à retrouver terre un temps
Puis y retourner vivre le moment.