Extrait de “Des papillons dans le ventre”

Voici un extrait de mon premier roman, “Des papillons dans le ventre”. Toujours en vente sur les difféntes plateformes numériques, les libraires ou chez mon éditeur.


Je le vis, son visage au-dessus du mien. Il ne me regardait pas, mais moi oui. Il était près. Je bougeais mes doigts comme on déplace un objet fragile et important qui ne devait pas tomber. Un geste lent et réfléchi. Pas totalement. Désiré. Cette main n’était pas la mienne. Je l’observais se mouvoir, s’approcher de lui. J’aimais cette démarche paresseuse. J’avais l’impression de l’accompagner tel un serviteur qui amène le plat. Elle finit par atterrir sur la sienne. Ce geste n’était pas le mien, mais je le suivais avec délectation. Je ressentis des frissons qui parcouraient mon échine puis ma chair voluptueusement. Quelque chose gonflait en moi. Le courage. Le désir. La satisfaction de franchir une barrière. De me libérer.
Je me souviens encore de cette émotion qui a réchauffé tout mon être. Mon corps dominait. Mon esprit suivait. Ou peut-être était-ce l’inverse maintenant que j’y réfléchis.
Lorsque ma main atterrit sur la sienne, il pencha aussitôt sa tête vers la mienne. La surprise le traversa, sans savoir si cela le perturbait ou lui faisait plaisir.
Mais pour une raison qui m’échappe, je ne bougeais pas. Je le regardais tel un David défiant Goliath. Je le scrutais et lui souriais. Je ne peux pas dire que je le fis exprès. Je ne pouvais pas le justifier autrement. Je ne vis aucun danger. Sans doute l’alcool, le joint, voire les deux. Je me sentais fort. Rien ne pouvait m’arriver.
Il m’observa ainsi puis son regard s’adoucit. Je me rendis compte qu’il n’avait pas bougé sa main. Un peu au début, mais pas vraiment. Juste un geste de surprise, mais pas de rejet. Il me fixait maintenant. Les yeux dans les yeux.
Je sentis la passion devenir une vague d’une puissance jamais connue. Mon cœur battait la chamade. Je descendis pour me retrouver sur un lit. Je n’étais plus léger, mais lourd. D’envie et de désir. J’avais chaud. Je tremblais. Une émotion incontrôlable. Je ne voulais plus bouger. J’avais une peur folle que cela s’arrête là. Alors je finissais par paniquer. Cela devait se voir sur mon visage. Il se mit à sourire. Moi non. Je buvais son portrait. J’idolâtrais son expression comme on s’inspire des paroles d’un prêcheur flamboyant. J’adhérais à sa religion. Je me transformais en pénitent attendant son onction. Je résidais au paradis. Je voulais y rester. Je devenais son apôtre qui le suivait dans le désert, par-delà les dunes, les oasis et les sentiers perdus.

Tête en l’air

Contre l’amour à l’envers,
J’ai qu’une solution judicieuse :
Ce sont tous mes revers.
Même si c’est une tendance fâcheuse,
Je la préfère à ces charlatans
Se nourrissant de toi, de ton argent.

Tu peux me traiter de tête en l’air,
Si je vais tomber de haut,
J’espère être rattrapé par ta chair.
Rattrape-moi avant que je sois KO.

Si je rencontre un gentil génie,
Je lui demanderais un passé.
Je t’embêterai toute ma vie,
Je deviendrai un fantôme aimé,
Je t’aimerai quand même à vie.
Tes rêves seront mes amis.

Tu peux me traiter de tête en l’air,
Si je vais tomber de haut,
J’espère être rattrapé par ta chair.
Rattrape-moi avant que je sois KO.

Finis les amours de passage,
Même s’il faut que je sois sage.
L’amour c’est comme du blé
Qu’on sème et qu’on va récolter.
De ton parfum je ne garde rien
Que l’ivresse de tes reins.

Tomber 7 fois

A chaque fois, j’y laisse un bout d’âme.
Ça me déchire les entrailles avec les dents.
A chaque fois, je vois d’agiter une lame
Qui emporte une part sans précédent.

Aimer donne le sentiment fou de renaître
Tel le Phoenix, comme dans un jour éternel.
Mais quand la nuit revient prendre mon être,
Je voudrais me cacher de ce destin criminel

Qui veut encore une fois me dépecer là.
Je ne veux plus tomber une septième fois
Car je vais y laisser plus que moi cette fois.

Je voudrais ne plus tomber, être le plat
De résistance de cette nature immuable
Qui nous détruit pour se mettre à table.

La veuve folle

Habillée en noir,
Se souvenant du dernier soir
Avec son mari
Et sa meilleure amie.
Fidèle toute sa vie
A celui qu’elle a hait
Autant qu’elle-même
Et sans un «je t’aime »,
Elle le regarde sans son âme
Et ne verse aucune larme.

C’est la veuve folle
Dont tout s’envole
Même son âme
Et la jeune femme
Qu’elle ne sera plus
A cause de ce mordu.

Le cortège est si triste
Et si longue est la piste !
Elle est devant
Et en attendant
D’arriver au cimetière,
Elle se rappelle Pierre
Le défunt. Vieux fou,
Tu étais son époux,
Elle s’est vengée de toi,
Elle en a le droit.

C’est la veuve folle
Dont tout s’envole
Même son âme
Et la jeune femme
Qu’elle ne sera plus

A cause de ce mordu.

Qu’arrive-t-il à cette femme
Qui a épousé cet infâme ?
Que cache ce voile noir ?
Une triste femme
Qui se perd dans un couloir
Qui est celui de son âme.
Tout le monde sait qu’elle
S’en fiche de son mari
Et que si elle semble belle
De l’extérieur, elle est finie.

Mon cœur comme le tien

Mon cœur comme le tien
Bat et se débat
Sur ce fil qui nous maintient
Dans ce combat
Qui ne connait pas de raison.
Baisse tes yeux,
Le sol comme seul horizon.
Je te dis Adieu.

Mon cœur comme le tien
Bat la chamade
Dans ce huis-clos contraint
Car il ne s’évade
Pas de nos corps paralysé.
Baisse tes yeux
Sur ton mensonge mal aisé.
Je te dis Adieu.

Mon cœur comme le tien
Veut exploser
Car plus rien ne le retient
Après avoir osé
Ces paroles très déplacées.
Baisse les yeux
Sur notre amour dépassé.
Je te dis Adieu

Rien que toi

Je suis devenu l’accroc que tu vois,
Un accroc à ton célibat,
Un anicroche sur ton chemin,
Une vie qui s’accroche à ta main.

Je ne te quitte plus des yeux,
De peur que tu n’ailles au mieux,
Mieux que moi, nouveau né
Dans ton univers animé.

J’ai le cœur à la chamade,
Agissant comme un malade,
Qui se chamaille à ma raison
En attendant une guérison.

Dans mon monde il n’y a
Plus que toi,
Rien que toi
Et, ça va de soi,
Tous les émois
Et pas que de joie.
Dans mon monde il n’y a
Rien que toi.

Mes mains ne veulent te lâcher
Dans la nature quitte à fâcher
Ta liberté. Elles caressent
L’espoir de te tenir en laisse.

Mon cœur bat sans relâche
De peur qu’il ne se lâche.
Ma raison est bien trop fragile
Et se laisse aller, docile.

Soumission

37 ans d’écriture pour mettre sur papier mes angoisses et pourtant 37 ans de silence sur ce drame qui a bouleversé ma vie. J’aimerais tourner la page. Peut-être dois-je la partager pour cela?

Les mains au sol,
Son poids comprimant mon corps,
Plus aucun effort
Ne pouvait m’éviter ses gaudrioles.
Soumission
Par définition.
Mais sous lui
Par effraction.
Sans réaction,
Je n’ai pas fui.

Pendant qu’il menaça
Mon intégrité de ses paroles bestiaires,
Je cherchais un peu d’air
Pour me sortir de là comme un forçat.

Son odeur corporelle
Empoisonnait mon esprit embrouillé,
Car je n’avais plus pied,
Dans cet enfer aux éclats intemporelles.

J’avais à peine huit ans,
Un garçon insatiable de testostérone
Qui, sur moi, fanfaronne
Et de ses doigts sur la Lune s’égarant…

Les mains au sol,
Son poids comprimant mon corps,
Plus aucun effort
Ne pouvait m’éviter ses gaudrioles.
Soumission
Par définition.
Mais sous lui
Par effraction.
Sans réaction,
Je n’ai pas fui.

Je n’ai rien oublié
De cette traversée infernale du Cocyte.
L’âme salie, ce coït
Qui me hante la nuit jusqu’à m’en noyer.

J’ai tout pardonné
Car à neuf ans, mon bourreau était mime.
Je vois une victime
Qui a reproduit une histoire brouillonnée.

Cela n’efface rien
De la souffrance qui a conduit mon existence,
Ruiné mes sens,
Mais aucune condamnation ne me fera du bien.

Puisque Dieu existe

Puisque Dieu existe,
Que je suis en bout de piste,
Ai-je le droit de m’allonger?
Puisque Dieu est triste
Et miséricordieux masochiste
Puis-je enfin aller plonger?

La vie comme un cirque
Me présente à ce public
Comme une bête de foire
Que tout le monde doit voir.

La vie me tient mes ailes,
Me trimballe avec des ficelles
Au bout des doigts usés
Par les gestes sans volonté.

La vie me ballade sans cesse
D’un jardin que tout délaisse
A une voie sans queue ni tête
M’amenant au vide esthète.

La vie me traîne à un train d’enfer.
Destination inconnue où s’enterrent
Les volontés les plus farouches
Et les mots non sortis de ma bouche.

10 000 visites … 20 000 pages visitées

C’est impressionnant lorsque l’on pense que, pendant plus de 30 ans, je n’ai jamais rien osé publier… Peur d’être ridicule. Peur d’être insipide. Transparent. De n’avoir rien à offrir. Rien à partager.
J’ai commencé à écrire il y a en effet plus de 30 ans ! Bientôt 40 (dans 3 ans si ma mémoire est bonne) ! C’était un besoin irrationnel à mettre sur papier mes émotions, mes chagrins, mes peines, mes souffrances. Et avec style. Alors j’ai choisi la poésie. Ses structures me plaisaient. Je me voyais bien lover mes chagrins dans ses bras accueillants. La poésie est une mère affectueuse qui vous écoute et vous guide pour apaiser les sentiments qui vous rongent et vous empêchent de respirer.
Écrire c’était vivre. Écrire, c’était ne pas se résigner à l’enfer. C’était voyager sans dépense. Cracher son venin sans offense. C’était offrir à mon cerveau étrangler un répit pour souffler. C’était calmer ces douleurs invisibles avec des comptines que j’inventais moi-même. C’était regarder en face l’horreur du monde. L’horreur de MON monde.
L’écriture a été ce médecin invisible qui pansait mes blessures. Je peignais avec mon stylo les images qui traversaient mon esprit dérangé. Bien souvent, elles étaient laides. Comme moi. Elles me réconfortaient, car je n’étais pas seul dans ma tête.
J’avais des compagnons d’infortune. Un cardinal bleu, Ofy, Appoline et tant d’autres héros ordinaires de mes songes ont pris vie dans ces cahiers que je noircissais avec acharnement. Car je voulais vivre. Je voulais les faire vivre à travers moi.
J’y ai mis tout mon cœur. Tous mes pleurs. Toutes mes peurs, mes chagrins et mes angoisses. Je leur ai ajouté des nuances et des senteurs pour accommoder le noir de couleurs chatoyantes.
J’ai même essayé à de nombreuses reprises de faire un long chemin avec mes amis d’infortunes, mes Pinocchios à moi. Je n’y suis pas arrivé. J’ai laissé cela de côté.
Jusqu’à ce que, un soir de folie, je décide de me lancer dans l’écriture d’un roman. « Des papillons dans le ventre ». Trois ans d’abnégation et de soirées à coucher sur le papier ce roman lunaire et le voilà désormais entrain de vivre sa propre vie.
Et maintenant ce sont tous mes autres enfants, ces poèmes oubliés, qui vivent grâce à ce blog. Ils se déclament devant vos yeux. Ils vivent. Ils grandissent. Grâce à vous.
Merci d’accueillir avec bienveillance mes petits. Merci de m’avoir délivré de toutes ses œuvres qui, jusque-là, n’appartenaient qu’à moi.
Sincèrement
Yann Vénète, votre passeur d’histoire.

Mon univers

Rond
Comme la Terre
Qui tourne encore en rond
Autour de toi, mon astre de lumière.
Je vis pour toi mon soleil sans équivalent, sans pareil,
Ma fille que rien ne perturbe jamais dans sa volonté forgée de m’aimer
Comme il se doit. Tes mots et tes gestes d’amour qui toujours m’émerveillent.
Tes yeux me donnent une énergie que j’accumule et rend sans pouvoir me lasser.
Je te donne tout de moi dans ce monde qui, de ma Lune, est un très imposant exil.
J’essuie tes larmes comme je nettoie tes plaies car je ne peux pas les supporter.
Elles me bouleversent ridiculement lorsque je vois leur incroyable futilité.
Et j’accours pour t’apaiser pour combler l’ensemble de tes vanités.
Je tente de te faire rire pour voir ton immense sourire
Qui émerveille mes journées. Ton âme brille
Dans ma mémoire. Je vis le pire
Et le meilleur pour ma fille.
Mon cœur pour toi.
Ton papa.