Mon enjoliveur

Je n’aime pas particulièrement
Les routes tortueuses, les chemins de traverse.
Je n’ai pas cherché l’égarement
Mais juste une direction simple, éviter les averses.

Aujourd’hui, la route se dégage
Et j’ai le pied sur le champignon sans halluciner,
Cette fois, je n’ai plus la rage
Mais juste le sentiment qu’être heureux m’est inné.

Ces foutus derniers kilomètres
Me paraissent être des miles marins en tempête.
Ces foutus nids de poule traitres
Me gênent. J’ai l’impression d’en être à perpette.

Je n’ai qu’un enjoliveur,
Pas besoin de plus pour avancer,
Je me sens d’humeur driver,
Prêt à tout recommencer,
Sur cette belle autoroute
Qui s’annonce, dernier kilomètre.
J’ai le volant et, sans doute,
Je fonce tel mon propre maitre.

Les panneaux de signalisation
Me donnent la force d’avancer sans me presser.
Les panneaux sans déviation
Me font dévier de la trajectoire de mon passé.

Je n’ai pas envie du péage,
Mais juste de payer le prix de ma liberté,
Je n’ai pas vu le paysage
La route est belle et le bonheur à ma portée.

Encore quelques kilomètres,
Et je vais pouvoir prendre la sortie dix-sept
Encore respirer l’air à la vitre,
Avant que la vie me montre toutes ses facettes.

Joyau de Russie

Tes yeux,
Je ne peux m’empêcher de les admirer,
Mieux,
C’est le centre de mon monde.

Ton sourire,
J’ai tant envie de le dévorer tout entier,
Pire,
Rayonne à des lieues à la ronde.

Ta peau,
Sous mes caresses, c’est doux et chaud,
En un mot,
Résister est un effort inutile.

Ton visage,
Illumine mon esprit et trouve les mots,
Peu sages,
Illustrant mon désir servile.

J’ai trouvé un joyau de Russie,
La pierre angulaire
Qui manquait à ma petite vie.
J’ai trouvé, et j’en suis fier,
L’amour qui manquait à mes nuits,
La sérénité de mon âme.
Tu fais fuir tous mes ennuis,
Les assassinent comme une lame.

Mon amour
N’a d’égal que la plénitude de mes pensées,
Toujours
Torturées avant que tu ne viennes.

Mon esprit
N’attend que tes caresses et tes baisers !
Il est ravi
Et veut que nos corps s’éprennent.

Je retournerai sur la Lune

Il y a des paradis lointains
Qui ne sont que chagrins
Faits de cendres
Comme d’ombres.
Mais ils protègent pourtant,
Ils sont réconfortants.
Je les connais.
J’y suis même né.

Loin des foules hallucinantes,
Loin d’être aimante,
Je me protégeais,
La Lune me lovait.
Mais il arrive un atterrissage,
Il arrive l’amour en mirage
Avec ces cadeaux,
Et enfin les maux…

Je suis arrivé sur Terre
Et depuis je me perds.
Je retournerai sur la Lune
Pour éviter la gravité
Du monde où je perds pieds.
Je retournerai sans rancune
Dans l’ombre de ma coquille
Qui, d’habitude, m’habille.

J’ai la peau exposée au soleil
Qui me brûle sans pareil
Comme un toast,
Les larmes accostent.
J’ai le cœur fait de lambeaux,
Lacéré par un beau couteau,
Le sang rouge vif
Fuit tout ce suif.

À petits feux

Le goût de ce venin est amer,
Les gerçures soufflant la braise
Adoucissent l’ire des chaires,
Le mal se meut avec toute l’aise
De ce moment qui me brûle.

Ma peau s’endurcit un moment
Puis la mue opère, les globules
Amène le feu qui tue lentement
Ma raison, mon cœur, mon âme.
Mon destin est une suite infâme.

Le destin poursuit sa route
Et m’écrase comme une fourmi
Et quoique tout cela m’en coûte,
Je souris comme face à l’oubli
De mes peines qui me font face.

Je souris sans joie, je poursuis
Ma route, ma pauvre carcasse
Avance et oublie que si je suis
Un homme, c’est par malheur
Que j’attends ma dernière heure !

Elle me fait valser

J’ai écrit de poème en 2011, après avoir appris que j’étais atteint d’une maladie orpheline incurable qui devait normalement me diminuer insidieusement. Je me suis battu. Je n’ai pas gagné mais elle non plus.

Je ne l’ai pas vu arriver,
De son pas feutré tel un Persan,
Empoisonnant mes pensées,
Alourdissant mes veines de sang.

Je ne l’ai pas vu m’enserrer
Lentement, étouffer ma volonté,
S’agripper à moi, me lacérer
Insidieusement, tout désir ôté.

Mon corps s’est lentement
Arrêté d’obéir à mes ordonnances,
Ankylosé par tellement
De lourdeur, plus rien n’a de sens.

Elle a eu le meilleur de moi,
Elle a pris le contrôle de mon corps,
Détruisant tous mes émois,
Prenant le contrôle de mon sort.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.

Mon sang désormais glisse
Tel un gosse rieur sur un toboggan.
Médicament boite à malice,
L’aspirine est devenu mon onguent.

Mais mon âme mise à mal
Veut reprendre la bonne direction,
Combattre ce mal infernal
Pour une victoire sans conditions.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.