Elle me fait valser

J’ai écrit de poème en 2011, après avoir appris que j’étais atteint d’une maladie orpheline incurable qui devait normalement me diminuer insidieusement. Je me suis battu. Je n’ai pas gagné mais elle non plus.

Je ne l’ai pas vu arriver,
De son pas feutré tel un Persan,
Empoisonnant mes pensées,
Alourdissant mes veines de sang.

Je ne l’ai pas vu m’enserrer
Lentement, étouffer ma volonté,
S’agripper à moi, me lacérer
Insidieusement, tout désir ôté.

Mon corps s’est lentement
Arrêté d’obéir à mes ordonnances,
Ankylosé par tellement
De lourdeur, plus rien n’a de sens.

Elle a eu le meilleur de moi,
Elle a pris le contrôle de mon corps,
Détruisant tous mes émois,
Prenant le contrôle de mon sort.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.

Mon sang désormais glisse
Tel un gosse rieur sur un toboggan.
Médicament boite à malice,
L’aspirine est devenu mon onguent.

Mais mon âme mise à mal
Veut reprendre la bonne direction,
Combattre ce mal infernal
Pour une victoire sans conditions.

Tout est perdu ou presque,
Dans cette lutte grotesque.
Elle contrôle ma vie
Et elle me fait valser,
De cette valse qui m’étourdit
Et qui ne cesse de m’épuiser.
Je suis un ivrogne à jeun
Livré aux farces du Malin.

Bientôt en librairie …

Chers lecteurs,

C’est avec un immense plaisir que je vous annonce que la version définitive de “Des papillons dans le ventre” a été validée. Le livre va désormais partir à l’imprimerie pour être tiré à 500 exemplaires.

Cela a été un travail long de deux ans entre l’écriture en elle-même, les cours avec Eric-Emmanuel Schmitt puis les incessantes réécritures… je ne les compte pas !

Il y a ensuite eu les lectures de mes amis proches qui m’ont permis de m’améliorer mais aussi de prendre confiance en moi. Merci à Olivier, Christine et Charlie notamment pour cela. Votre aide a été précieuse.

Et puis il y a les Editions Maïa qui croit en moi. Et cela vaut tout l’or du monde. Merci particulièrement à Pierre-Antoine qui croit en la valeur de ce livre, Mathieu qui a fait la magnifique couverture que vous voyez, Anne-Marie qui m’a aidé a développé ma communauté de lecteurs et enfin Tony qui a travaillé à la correction et la mise en forme définitive du livre.

J’ai hâte de vous donner la date définitive de sortie du livre, sachant que, malgré le confinement, vous pourrez l’acheter sur le site des Editions Maïa dès sa sortie. A très vite …

Yann Vénète, plus que jamais passeur d’histoires

La guerre du moi n’aura pas lieu

Je n’ai aucun souvenir de mes premières pièces de théâtre. D’aussi loin que je me rappelle, l’envie d’incarner est pourtant en moi. Je me revois portant toge pour rejouer Pompéi après l’avoir regardé à la télé. Et je souris en pensant surtout à l’agacement de ma grand-mère qui devait replier les draps qui avaient servi pour les costumes. Le théâtre ne faisait pas partie des activités de ma famille, mais ma sœur et moi adorions psalmodier ce que nous avions admiré. Parfois avec des poupées, qu’elles soient Barbie ou épi de maïs. Nous étions souvent les acteurs de nos reprises.

Mon premier plaisir de théâtre, je le connus lors d’une représentation de « La guerre de Troie n’aura pas lieu » que notre professeur de français de seconde nous obligea à regarder. L’image que j’avais de ce loisir était surannée. Je l’imagine rempli de vieilles dames à jumelles tentant de mieux voir les interprètes. Je me figure des comédiens récitant avec un ton enflammé et gênant des textes appris par cœur sans en saisir le sens, tels des robots pouvant mimer une émotion qu’il ne comprenait pas. Quelle barbe ! Ce jour-là, j’aurais souhaité pouvoir être imposteur en m’inventant une excuse. Je ne goûtais de toute façon plus la comédie. Je n’y ai aucun talent.

Je fus surpris en prenant du plaisir à regarder. Les émotions se partageaient d’une rangée à l’autre. Les figurants étaient bien plus vrais qu’à la télé, faits de chairs et d’os tout autant que de choses irrationnelles.

Mon désir d’être dramaturge vient d’ailleurs. Je ne sais pas si cela sera ma voie. C’est le chemin d’un ami qui compte. Comédien, je l’ai déjà vu à l’œuvre. J’ai touché du doigt son envie d’incarner un être qui n’a pourtant que faire de lui. J’ai ressenti son besoin d’électriser le public.

Ce voyage, je ne l’emprunte pas pour moi. La guerre du moi n’aura pas lieu. Je le lui offre. Pour qu’il ait une pièce à présenter et des joies ou des larmes à partager. J’y gagnerai sans doute une partie de cette communion si je vais la voir dans un théâtre. J’apprécie de me dire que je vais transporter les spectateurs autrement que je le fais déjà avec mon roman. Les lecteurs le feuillettent dans leur coin. Je me figure en constructeur automobile qui donne certes un véhicule à émotions, mais qui ne le vivra pas avec eux. En tant que dramaturge, je serai plutôt le capitaine d’un bateau dont j’ai conçu le plan. Mon équipage et moi-même profiterons de la croisière avec le plaisir de connaitre ceux qui vont voyager avec nous le temps de la traverser.

J’ai hâte…

Numéro 7 (ou l’art de rester soi-même malgré les autres)

J’ai enfin fini l’écriture du second. Il faut désormais démarrer la phase de réécriture…

J’espère pouvoir vous présenter la version définitive début 2021. C’est une histoire beaucoup moins personnelle même si elle prend vie dans un sujet qui me touche beaucoup : comment rester soi-même malgré le regard des autres qui est parfois loin de la réalité. En quoi cela peut-il nous transformer? Comment rester soi-même quand les autres ont une image décalée de vous?

J’utilise la vie d’un célèbre footballeur pour le découvrir. Y’a pire comme héros, non? 😁

Le crocoeur

Mes yeux m’ont trompé,
J’ai eu l’illusion d’être aimé,
D’avoir aperçu la lumière
Derrière mes vantaux peints
De mon sang au goût amer.
Le soleil se levait le matin.

Mon ouïe m’a trompé,
J’ai entendu le mot aimer.
J’ai entendu des mots si doux
Et pourtant j’y ai vraiment cru
Jusqu’à comprendre enfin tout,
Les quiproquos et malentendus.

Mon toucher m’a trompé,
J’ai eu l’impression d’être aimé
Mais l’impression s’est effacé
Avec la raréfaction des caresses,
L’oubli de la façon d’enlacer,
Jusqu’à ce que tout disparaisse.

On a croqué mon cœur
Comme un fruit bien mûr.
Je n’ai pas ressenti la peur
De la proie dos au mur.
On a croqué mon cœur
Mais c’est là que la douleur
Se ressent, piqure de rappel
Pour éviter les hormones
Qui vont aller de plus bel
Réveiller en moi l’homme.

Mon odorat m’a trompé,
Je me suis senti si aimé.
Je n’ai pas senti le nauséabond
parfum de mes prédécesseurs,
Enivrant comme mon abandon
Je sens enfin cette odeur.

Ma langue m’a trompé,
Alléché par le fait d’être aimé.
C’était animal et instinctif,
L’envie d’être mêlé, mélangé
Mais j’ai dû être roboratif
Et je ne suis plus à manger.

La comptine de l’âme perdue

Il est possible d’aimer et souffrir
En même temps, je l’ai appris.
J’ai appris ma leçon sans plaisir,
Sans y avoir vraiment réfléchi.

Il est possible que je sois ignorant,
Que cette leçon soit l’instrument
De ma pensée. Aimer et souffrir
Est devenu la raison de mon ire.

Il est possible que j’me fasse souffrir
Tout seul, un besoin suicidaire
Qui traverse mon corps en délire,
Ou un poison qui a envahit mon air.

Quelqu’un a éteint la lumière
Sur mon chemin,
M’obligeant à tâter l’air
Du bout de mes mains
Pour retrouver ton amour.
C’est peut-être moi
Qui l’est éteint ? Toi ?
Je ne crie pas « Au secours ».

Il est possible que mon cœur s’arrête
Sans que cela ne te fasse de peine,
Mais je n’ai pas envie de faire le test
Ma main étant bien dans la tienne.

Il est possible que je sois devenu fou,
Fou de toi, ma raison perdue de vue.
Alors c’est à moi de retrouver le nous,
Pour rester sur le chemin tant voulu.