Seul face à moi

Il faut faire attention au volcan,
Il déverse sa lave n’importe quand
Dévaste ma vie avec son torrent,
Dévale mes flancs en courant.
Il suffit d’un rien pour réveiller
Mes démons et ensuite payer.

Il ne faut pas me le laisser seul,
Je n’ai pas d’équilibre, m’esseule,
Me laisse aller à la vil paresse,
La mélancolie, la douce tristesse,
Rien du tout à quoi me raccrocher,
Je suis seul sur mon petit rocher.

Je n’aime pas
Être seul face à moi.
Je ne suis pas moi,
Je ne le peux pas.
Je suis ce que je donne,
Seul je suis atone.

Ma vie s’est vouloir tout donner,
Pour ne pas voir le ciel tonner,
Ma vie s’est tout enfin partagé,
Vivre une vie vendue en viager
Aux autres, tout énergie utile,
Car vivre que pour soi est futile.

Reine Mélancolie

Effet d’optique
J’ai le ventre qui pique.
Hymne à la nuit,
Entraîne-moi dans tes danses immondes
Pour que dans ma tombe,
Dans mon éternelle nuit
Je danse pour toi
Dans mes habits de soie.

Vie apoplectique,
Cerveau électronique,
Le diable danse dans mes antres
Sa danse infernale et chaude,
Gigantesque nuit d’émeraude,
Le feu, mon âme au centre,
Je danse d’effroi,
Mes pieds dans le feu froid.

Reine Mélancolie
J’ai peur de moi.
J’ai peur de la vie.
J’ai perdu l’émoi
De mon enfance
En cadence.

Point critique,
Eternelle musique,
Les instruments qui s’emballent
Dans une symphonie harmonieuse
Pendant que la vie facétieuse
Donne le rythme du bal.
Les valses s’enchaînent,
J’oublie mes peines…

Métisse

Il suffit d’un geste,
D’un mouvement leste
De sa peau brûlée par la chaleur
Pour que l’homme soit KO.
Il suffit d’un geste,
D’un clin d’œil leste
De ses yeux faits d’or bruni
Pour que l’homme soit fini.

Belle métisse au cœur blanc,
La vie te sourit de ses dents
Blanches.
D’un coup de hanche,
Une montée d’adrénaline
Chez ta victime.

Il suffit d’une caresse,
D’un mouvement de fesse
Pour que l’homme soit anéanti,
Tu l’as enfin affaibli.
Il suffit d’une caresse,
D’un de tes mouvements, déesse,
Sur sa peau blanchie et pourtant sale
Pour qu’il soit ton vassal.

Belle métisse au cœur blanc,
T’as amadoué ton maître.
Belle métisse salie par le sang,
Ce mouton a fini de paître
Sur l’amour déchu
Et sa petite vie fichue.

Envie d’exister

Quelques mots écrits sur une feuille
Avec l’intention de franchir le seuil
De la vie humaine enfantée infantile
Par quelques cris jetés très futiles.

L’impression de vivre une vie idéale
Dans un monde hallucinant et fatal
Sont des sentiments gâchés et sublimés
D’un monde qui paraît maladroit mais…

J’ai une envie furieuse,
L’envie d’exister,
Comme une formule pieuse,
Des mots magiques
Qui vont effacer
Une vie rachitique.
Envie de fuir
De peur de rire
Du bien, du mal,
De l’éternel Graal.
Jouer avec les mots gribouillés
Sur des pensées artistiques sacrées.
Je joue de la mélancolie
Car j’ai une grande envie…

L’oiseau en moi

Je suis l’éléphant dans la patinoire,
Les yeux rivés à la porte de secours.
Je suis l’élégant qui vient de choir,
La honte gravée dans les rires autour.

Je suis l’étranger en mal du pays,
Le passé effacé d’un trait de plume.
Je suis le messager qui a perdu son pli
Qui s’est lassé de vivre dans la brume.

J’aimerais libérer
L’oiseau en moi.
Il ne l’a pas volé.
Histoire de faire un choix
Ou deux loin de la cage.
Promis, je serai sage
Je veux bien être Phoenix
Quitte à franchir le Styx.

Je suis l’apathique dans cette soirée
Où es jambes lourdes me rendent gauche.
Je suis le stoïque qui laisse dériver
La mélodie sourde de celui qui fauche.

36 adieux

Aucune distance ne facilite la tâche.
Le téléphone brûle mes doigts
De peur qu’encore on se fâche
Et que tu me balances ce que je te dois.

Ton visage et cette icone m’appellent
Pour qu’encore une fois je te blesse
Avec le même sermon sempiternel
Où ce que je t’ai fait je le confesse.

J’ai besoin d’entendre encore ta voix
Et croire notre séparation irréelle
Même si j‘en suis coupable. Je vois
Dans les sons ta rancœur qui révèle

Toute la douleur que j’éveille en toi
Car tu m’as aimé sans rien vouloir
Et j’ai cru mais sans avoir la foi.
Je t’ai aimé sans même le savoir,

Sans même te connaitre, involontaire.
Ma vie et la tienne se sont croisées
Et ont tourbillonnées sans en avoir l’air
Mais l’apesanteur tue les doux baisers.

J’ai pleuré de devoir te laisser partir,
Toi qui voulais m’accompagner plus loin.
Je me suis forcé à rompre sans mentir
Car toi et moi prenions différents chemins.

J’ai encore besoin de ta douce voix
Et, si j’osais le confesser, de ton corps
Car sans ton attention je suis aux abois
Même si dans la vie je joue le fort.

Mais renouer voudrait dire retomber
Pour devoir se relever, toujours amoché,
Alors je garde raisons et je laisse tomber
Mon envie de t’appeler pour me reprocher

Encore une fois d’avoir pris la décision.
Voici mes adieux pour la trente-sixième
Fois et la prochaine sera encore sans raison
Sauf peut-être que, malgré moi, je t’aime.

L’autre langage

Ma langue fourche
Et les cœurs sont encore écorchés.
On prend la mouche
Car mes propos ont amoché

Sans le faire exprès.
Je suis gauche à mains d’argent,
Les allées de cyprès
Pleurent sous mes coups négligents.

Je ne sais pas dire
Pourquoi à vos yeux je parle chinois
Je ne vais contredire
Ceux qui ricane lorsque je me noie.

D’un mot de travers,
Une expression malheureuse et amer
Qui me gifle d’un revers
Sans avoir à corriger ma grammaire.

Mes yeux fuient telle une passoire
Et aucun ange passe pour voir
Mon désespoir de ne pas être compris.
J’ai besoin de l’autre langage,
Celui qui me permettra d’être pris
Pour humain car j’ai la rage.

Je voudrais parler
De mes émotions sans blesser,
Sans voir déferler
Les vociférations, s’en ai assez.

D’être rejeté là
Comme un morceau de miroir
Brisé, petits éclats
Qu’on évite comme un mouroir.

Comment te pardonner

Oublier ta faute
N’est-ce pas simple ?
Le Malheur contemple
Tes yeux suppliants.
Ta véritable faute
C’est de me croire terrifiant.

Oublier ta faute,
Ne l’ai-je pas déjà fait ?
Ton chemin est imparfait
Mais mon pardon trompé.
Ta véritable faute
Est de m’oublier.

Comment te pardonner ?
A peine l’ai je fait,
Te voilà
A cent mille lieux de moi.
Comment te pardonner ?
Cet affront m’a souillé
Mais voilà,
Je te pardonne
De m’oublier là…
Je me donne.

Oublier ta faute
N’était-elle pas ma seule chance
Pour garder ta confiance ?
Ma véritable faute
Est mon pardon
sans raison.

Comment te pardonner ?
A peine l’ai je fais,
Te voilà
A cent mille lieux de moi.
Comment te pardonner ?
Cet affront m’a souillé
Mais voilà,
Je te pardonne
De m’oublier là…
Je me donne.

Oublier ta faute…
Oublier ma faute…
Nous oublier…
Pour l’éternité…

Déchaînez-moi

Ma réponse à cette tribune emplie de morve et de haine que quelques “militaires” ont publié. Je n’ai que de l’amour à donner. Désolé… Alors je le fais avec ce que j’aime : la poésie des mots et la mélodie du cœur.

J’entends malgré moi les mots
Qui me sont envoyés coup sur coup
Parce que je suis gros ou homo,
Parce que c’est à moindre coût
Qu’on peut pourrir le différent
D’un bon jeu de mots navrant.

Je ressens l’indicible frontière
Qui a été tracée entre les êtres
Possédant et les autres poussières
Qu’il ne faut surtout pas admettre
Dans cette société trop bien huilée
Pour laisser la différence s’y faufiler.

Déchainez-moi !
Laissez-moi vous sourire
Pour vous montrer sans émoi
Qu’en vous délire
Le parfum rance
D’une nation qui se délite
Au son de vieillards en trance.
Pensée réduite…

La vieille rengaine, Maréchal,
Revient hanter les âmes perdues !
La vérité ici vous est bien égale
Pour trouver celui qui sera pendu.
La vérité des uns fait le malheur
Des autres pour une idée, un leurre.

Le violon

Entends-tu cet instrument qui pleure
Comme un homme enragé ?
Ces cordes vibrent comme une fleur
Balayée par le vent engagé.

Entends-tu le violon qui sanglote
Ces pages d’un automne
Si fragile et tellement monotone,
Engourdi par quelques notes ?

Entends-tu le violon qui fait courir
Les notes comme des graines
Que le vent arrache à la fleur qui va s’ouvrir
Comme une enfant perdant son hymen ?

J’ai entendu ce violon,
Violent comme un cri furibond.
N’écoute pas ce désespoir,
Il pourrait t’emmener au soir.