36 adieux

Aucune distance ne facilite la tâche.
Le téléphone brûle mes doigts
De peur qu’encore on se fâche
Et que tu me balances ce que je te dois.

Ton visage et cette icone m’appellent
Pour qu’encore une fois je te blesse
Avec le même sermon sempiternel
Où ce que je t’ai fait je le confesse.

J’ai besoin d’entendre encore ta voix
Et croire notre séparation irréelle
Même si j‘en suis coupable. Je vois
Dans les sons ta rancœur qui révèle

Toute la douleur que j’éveille en toi
Car tu m’as aimé sans rien vouloir
Et j’ai cru mais sans avoir la foi.
Je t’ai aimé sans même le savoir,

Sans même te connaitre, involontaire.
Ma vie et la tienne se sont croisées
Et ont tourbillonnées sans en avoir l’air
Mais l’apesanteur tue les doux baisers.

J’ai pleuré de devoir te laisser partir,
Toi qui voulais m’accompagner plus loin.
Je me suis forcé à rompre sans mentir
Car toi et moi prenions différents chemins.

J’ai encore besoin de ta douce voix
Et, si j’osais le confesser, de ton corps
Car sans ton attention je suis aux abois
Même si dans la vie je joue le fort.

Mais renouer voudrait dire retomber
Pour devoir se relever, toujours amoché,
Alors je garde raisons et je laisse tomber
Mon envie de t’appeler pour me reprocher

Encore une fois d’avoir pris la décision.
Voici mes adieux pour la trente-sixième
Fois et la prochaine sera encore sans raison
Sauf peut-être que, malgré moi, je t’aime.

L’autre langage

Ma langue fourche
Et les cœurs sont encore écorchés.
On prend la mouche
Car mes propos ont amoché

Sans le faire exprès.
Je suis gauche à mains d’argent,
Les allées de cyprès
Pleurent sous mes coups négligents.

Je ne sais pas dire
Pourquoi à vos yeux je parle chinois
Je ne vais contredire
Ceux qui ricane lorsque je me noie.

D’un mot de travers,
Une expression malheureuse et amer
Qui me gifle d’un revers
Sans avoir à corriger ma grammaire.

Mes yeux fuient telle une passoire
Et aucun ange passe pour voir
Mon désespoir de ne pas être compris.
J’ai besoin de l’autre langage,
Celui qui me permettra d’être pris
Pour humain car j’ai la rage.

Je voudrais parler
De mes émotions sans blesser,
Sans voir déferler
Les vociférations, s’en ai assez.

D’être rejeté là
Comme un morceau de miroir
Brisé, petits éclats
Qu’on évite comme un mouroir.

Comment te pardonner

Oublier ta faute
N’est-ce pas simple ?
Le Malheur contemple
Tes yeux suppliants.
Ta véritable faute
C’est de me croire terrifiant.

Oublier ta faute,
Ne l’ai-je pas déjà fait ?
Ton chemin est imparfait
Mais mon pardon trompé.
Ta véritable faute
Est de m’oublier.

Comment te pardonner ?
A peine l’ai je fait,
Te voilà
A cent mille lieux de moi.
Comment te pardonner ?
Cet affront m’a souillé
Mais voilà,
Je te pardonne
De m’oublier là…
Je me donne.

Oublier ta faute
N’était-elle pas ma seule chance
Pour garder ta confiance ?
Ma véritable faute
Est mon pardon
sans raison.

Comment te pardonner ?
A peine l’ai je fais,
Te voilà
A cent mille lieux de moi.
Comment te pardonner ?
Cet affront m’a souillé
Mais voilà,
Je te pardonne
De m’oublier là…
Je me donne.

Oublier ta faute…
Oublier ma faute…
Nous oublier…
Pour l’éternité…

Déchaînez-moi

Ma réponse à cette tribune emplie de morve et de haine que quelques “militaires” ont publié. Je n’ai que de l’amour à donner. Désolé… Alors je le fais avec ce que j’aime : la poésie des mots et la mélodie du cœur.

J’entends malgré moi les mots
Qui me sont envoyés coup sur coup
Parce que je suis gros ou homo,
Parce que c’est à moindre coût
Qu’on peut pourrir le différent
D’un bon jeu de mots navrant.

Je ressens l’indicible frontière
Qui a été tracée entre les êtres
Possédant et les autres poussières
Qu’il ne faut surtout pas admettre
Dans cette société trop bien huilée
Pour laisser la différence s’y faufiler.

Déchainez-moi !
Laissez-moi vous sourire
Pour vous montrer sans émoi
Qu’en vous délire
Le parfum rance
D’une nation qui se délite
Au son de vieillards en trance.
Pensée réduite…

La vieille rengaine, Maréchal,
Revient hanter les âmes perdues !
La vérité ici vous est bien égale
Pour trouver celui qui sera pendu.
La vérité des uns fait le malheur
Des autres pour une idée, un leurre.

Le violon

Entends-tu cet instrument qui pleure
Comme un homme enragé ?
Ces cordes vibrent comme une fleur
Balayée par le vent engagé.

Entends-tu le violon qui sanglote
Ces pages d’un automne
Si fragile et tellement monotone,
Engourdi par quelques notes ?

Entends-tu le violon qui fait courir
Les notes comme des graines
Que le vent arrache à la fleur qui va s’ouvrir
Comme une enfant perdant son hymen ?

J’ai entendu ce violon,
Violent comme un cri furibond.
N’écoute pas ce désespoir,
Il pourrait t’emmener au soir.

Toujours là

Les nuits sont emplies de vous,
Comme mes jours sont nostalgiques.
Vos visages ne vieillissent pas.
Je vous contemple avec tristesse

Car je sais que vous serez flous
A mon réveil, souvenirs mécaniques
D’un songe qui m’a uni encore une fois
A vous qui, en moi, vivez sans cesse.

Vous êtes là
Encore et toujours.
Vous êtes là
A m’entourer d’amour.
Dix, vingt, voire bientôt trente ans
Mais vous êtes vivants par Morphée.
Je vous côtoie même les yeux fermés
Comme si nous étions au présent.

J’aimerais continuer à vous voir souvent !
Ces instants avec vous sont une bouée
Pour survivre sans vous pour me pousser.
Vous me manquez chers grands-parents.

Loup-garou

Chaque centimètre carré découvert
Prête envie à découvrir le suivant
Puis laisser une marque sur la chair
Ainsi frissonnante du plaisir gourmand.

Laisse-moi glisser mes doigts plus loin
Pour aller caresser les pointes rosées
Qui se dessine sur ton haut de lin
Pour que ma langue ici vienne danser.

Abandonne le reste à mon instigation
Pour que la chair de poule te traverse
De part en part jusqu’à la convulsion
Sous mes expertes et exquises caresses.

Je vais te dévorer tout cru
Car mon instinct l’exige !
Mes yeux ont déjà parcouru
Ton corps ! J’en ai le vertige !
De succion en morsure, j’abuse
Tandis que ton pilon en bouche,
Je ne vois que ta rondelle, ma muse !
Il est temps que ton corps je douche !

Ton corps appesanti est plus froid
Qu’il y a cinq minutes peut-être.
Déjà mon désir reflue tel le ressac.
J’ai beau t’avoir couronné roi,
Ton règne prend fin. Revint le mal-être
Qui accompagne mon cœur mis à sac.

J’ai bu tout mon saoul
Et rassasié mon démon
Mais mon cœur coule
Et s’enfouit dans le limon.

L’horreur du temps

Crier,
Dans la nuit si jolie, affolante,
Pleurer
Dans les ténèbres où chante
Les déesses et les anges,
Dans un bal illuminé de mille étoiles,
Comme un roman, une toile
Où la lumière se venge.

Crier,
Dans l’obscurité inquiétante,
Pleurer,
De peur de mourir. Une vie étouffante
Dans une âme si sainte.
L’amour y est si simple et beau,
Si meurtrie par cette peau
Où la vie n’est que feinte.

J’ai l’impression d’avoir
L’horreur du temps
Dans mes veines devenues noires,
Noires comme Satan.
J’ai plus envie de grandir.
J’ai plus envie de mourir.
J’ai si peur de l’instant présent,
De ce temps qui me semble pesant.

Crier,
De peur de ne plus avoir de voix,
Pleurer,
De peur de n’être enfin entendu
Qu’une petite et simple voix
Dans un univers d’une vaste étendue.
J’ai si peur d’être peu,
La vie est si courte, seul
L’amour peut
Nous sauver du linceul.

J’ai l’impression d’avoir
L’horreur du temps
Dans mes veines devenues noires,
Noires comme Satan.
J’ai plus envie de grandir.
J’ai plus envie de mourir.
J’ai si peur de l’instant présent,
De ce temps qui me semble pesant.

Chair Narcisse

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Pique et trique mon infame
Besoin d’images pyromanes
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Je laisse les images défiler
Sur ses beaux torses éffilés
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Le temps passe inlassable
Sur des corps monnayables
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Laisse-moi encore fantasmer
Sur ces Narcisse proclamés
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Je perds la notion du réel
Sur des poses gorgées de miel
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Je veux posséder Narcisse
Pour lui entrouvrir les cuisses
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Il est temps de te fermer
Avant que je sois interné
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Les aux-revoirs

D’un grand signe de main,
Tout s’efface, il n’y a plus rien,
Plus rien, plus de lendemain,
Même pas une chanson, un refrain.

D’un grand signe de main
Tout s’en va, tout s’écroule.
Tout est mort, inhumain.
Tout s’en va, mais la terre roule.

Elle roule inexorablement,
Avec le temps, les hommes,
Les cœurs et les écroulements
Les hommes et les fantômes.

Tout n’est que décor,
Rien n’est fait durablement.
Le temps tue tout, sauf la mort.
Le temps tourne inexorablement.

Dans ma dernière prière
Je demanderai un cœur de pierre.